«Peindre des paysages, c’est créer des évènements cosmiques. L’espace qu’occupe une peinture — ses dimensions propres — est celui de la mémoire. Quand nous fermons les yeux, les champs les plus vastes occupent un écran intérieur qui n’est que de quelques centimètres. Nous transposons cet écran qui, à son tour, renvoie notre mémoire au monde extérieur. »
Voyage au Mont Tamalpaïs, Etel Adnan
Le rapport au paysage est le point de départ de ma démarche : interroger ma relation à l’environnement pour tenter de ne faire qu’un avec le Monde. Je cherche à transcrire et rendre visible les forces et mouvements des éléments à l’œuvre dans le paysage. Ce processus débute par un travail d’observation et une prise de notes (esquisses, dessins, carnets, photographies) pour ensuite traduire cette perception dans un langage pictural qui s’éloigne d’une représentation traditionnelle et figurative. Les mouvements des éléments sont comme figés, suspendus dans leurs constantes vibration, mouvance et évolution. L’instantané de la trace, la vibration de la couleur rendue soit par le jeu de couches transparentes, soit par la fragmentation de la forme sont des composants récurrents de mon langage plastique. Je crée ainsi un champ pictural ouvert invitant le spectateur à affiner sa perception et ainsi façonner son lien au Monde.
Au fil du temps, mon langage a évolué vers une abstraction par l’usage de matériaux réfléchissants où l’espace matière mute vers un espace lumière (NYC 1999-2000). Puis, je délaisse les références au paysage pour développer une grammaire plastique composée de traces verticales et horizontales colorées au profit d’une expérimentation du langage pictural.